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Faire des photos sans écran.

Faire des photos comme « avant », attendre d’avoir fait 36 poses pour enfin voir le résultat. Ne pas savoir tout de suite….

C’est la façon que j’ai compris le #noscreenchallenge lancé par Fred Laurent (@monsterfred) sur twitter. En proposant de faire des photos sans regarder l’écran sur son appareil photonumérique. J’ai pris l’expérience plus au jeu qu’au challenge et pour aller un  plus loin je me suis inspiré du jeu des 36 poses suggéré par Hervé Legall (@cinquiemenuit)

Les contraintes que je me suis donné pour cette expérience.

Avec ces contraintes, on retrouve les conditions de l’argentique.

  • Sans écran
  • Iso fixe (400)
  • Balance de blanc fixe
  • Mode manuel
  • Focale de 50mm
  • 36 poses

 

 

 

 

J’ai passé trois jours interminables pendant lesquels je n’ai pu voir ce que j’avais fait,
mais j’ai résisté à la tentation de :

  • Savoir si la photo est bien dans la boite.
  • Savoir si cadrage est bon.
  • Savoir si l’exposition est bonne.
  • Vérifier les indications d’exposition.
  • Vérifier la mise au point.
  • Effacer des photos.

A la fin de mon « rouleau » j’ai enfin pu regarder mes prises de vue.
J’ai vidé ma carte, puis disposé mes photos comme je le fais avec mes négatifs afin d’obtenir une « planche contact ». Cela permet de voir l’ensemble de la série d’un coup d’oeil, de s’apercevoir des écarts d’exposition. La planche a l’avantage de garder une chronologie des deplacements. Ici l’expérience a plutôt bien fonctionné,  je ne trouve que quelques photos mal exposées (récuperable au tirage/derawtisation*).

Un retour aux « sources »

J’ai eu envie de faire une série à l’endroit dans lequel j’ai grandi, où je réalisais mes premières photographies. J’ai essayé de regarder avec d’autres yeux un lieu où j’ai passé mon enfance, de l’immortaliser autant pour moi que pour pouvoir le raconter.
Chaque photo a une annectote, chaque chemin a été emprunté des milliers de fois.
Ce n’est pas un paysage que je découvre mais que je raconte.

http://www.paulallain.com/site/wp-content/uploads/2011/11/noscreenplanche.pdf

Planche Contact

Une sélection des photos

Simplement extraites de la carte en JPEG. Celles-ci ne sont pas mises en conformité.
La balance de couleur est réglée sur une lumière d’intérieur. Elles sont rangées
dans l’odre chronologique, jour après jour.

Premier jour 11/11/11

Sortie nocturne à la lumière du réverbère. Par « chance » un léger brouillard diffusant
la lumière m’a facilité la mesure rendant les scènes plus douces, plus homogènes.

Deuxième jour 12/11/11

Une balade dans la forêt légèrement brumeuse. Voulant jouer le jeu de la pellicule,
j’ai gardé la même balance des blancs.
Les images sous la lumière du jour ont donc toutes une légère teinte bleutée.

Troisième jour 13/11/11

Je finis la peloche.

 

Conclusion:

Sans écran et avec ces consignes, je gagne en precision :

  • d’intention
  • de cadrage
  • d’exposition

J’ai été heureux de retouver toutes ces sensations de frustration, de concentration,
de patience, et d’attention. Au final j’ai beaucoup moins  de déchets. J’aurais pu réaliser cette série avec une pellicule. Cet exercice peut être  bon pour ceux qui aimeraient
se lancer dans la prise de vue sur pellicule. Sans l’écran je suis peut-être plus lent car je vérifie mes choix, mais je suis aussi plus précis car je vérifie mes choix. L’écran n’apporte rien mais sa présence le rend indispensable.

*Dérawtisation si vous avez un therme plus interessant je suis preneur.


17 Commentaires

  1. Publié le 17 Nov ’11 à 11 h 10 min | Permalien

    Très chouette ton article. Je pense que c’est un bon exercice que chacun d’entre nous devrait faire régulièrement. En plus, ça permet d’aller à l’essentiel et d’être concentré sur son cliché.

  2. Publié le 17 Nov ’11 à 11 h 22 min | Permalien

    Approche très intéressante d’être allé au delà du Noscreen en passant au tout manuel.
    Le résultat est très réussi.

    Pour dérawtisation, on peut utiliser tout simplement Développement des fichiers RAW (cf. le dernier hors série de Compétences photo)

    • Paul
      Publié le 17 Nov ’11 à 13 h 43 min | Permalien

      « Développement des fichiers RAW » semble être le terme le plus à propos mais c’est un peu long. Développement numérique peut être.

  3. Publié le 17 Nov ’11 à 11 h 26 min | Permalien

    Très chouette article, et belles photos!

    La démarche est très argentique, du nombre de vue limité… à la planche contact :)

  4. Publié le 17 Nov ’11 à 11 h 56 min | Permalien

    Merci pour l’idée !
    Je suis tenté de l’essayer.
    Avec un ISO 400 je ne risque pas d’avoir ds photos surexposés ?

    • Paul
      Publié le 17 Nov ’11 à 12 h 07 min | Permalien

      A 400 iso il n’y a pas de raisons que tes photos soient plus surexposés qu’a n’importe quelle autre valeur d’iso.
      C’est ton réglage d’expositon qui fera la photo.

  5. eric
    Publié le 17 Nov ’11 à 12 h 00 min | Permalien

    ou, comment retrouver la magie de l’argentique, la rigueur et l’intention réelle de l’image…
    bravo…

  6. Terence
    Publié le 17 Nov ’11 à 18 h 01 min | Permalien

    Tres bonne idee. Merci d’avoir partage l’experience!

  7. Publié le 18 Nov ’11 à 15 h 36 min | Permalien

    Les images sont somptueuses.
    Mais on ne sait pas qu’elle est la part du dispositif dans le résultat. Il faut que tu recommences en utilisant l’écran, la balance auto et le format Raw. :)

  8. Publié le 18 Nov ’11 à 17 h 07 min | Permalien

    Super idée, je trouve.

    Et quelques belles réussites. J’aime particulièrement la dsc4409.

    en fait, cette démarche peut paraître sotte ou naïve mais c’est tout le contraire. On est plus dans la photo que dans le graphisme quand on ne voit, pas, revient pas sur, quand on ne prévoit pas des retouches mais des choses à faire.

    Cool !

  9. Capuche
    Publié le 19 Nov ’11 à 9 h 44 min | Permalien

    Je ne connais absolument rien à la photo, je sais juste que tes photos dégagent quelque chose d’instantané, de spontané. J’entends par là une sensation de naturel et non « travaillé ». Je ne sais pas si je suis influencée par l’explication de ta démarche. J’aime beaucoup la série du deuxième jour.

  10. Publié le 20 Nov ’11 à 19 h 32 min | Permalien

    Oui moi aussi j’aime bien me livrer à des petites jeux d’authenticités comme ça :
    -retirer le démarreur de ma voiture pour avoir le plaisir du démarrage à manivelle ;
    -bloquer ma machine à laver pour redécouvrir le plaisir de lavers mes slips sales à la main ;
    -couper l’arrivée d’eau, pour redécouvrir ce que c’étais d’aller chercher de l’eau.
    Plus sérieusement la notion de déchets en numérique m’échappe. Je ne vois pas l’intérêt de demander des comptes à un photographe sur le nombre de photo qu’il a prises. Seul le résultat compte.
    Et si Paul a envie de travailler en lenteur et précision ses photos, c’est un choix qui se respecte, mais je ne vois pas l’intérêt de l’habiller de cette rhétorique du pseudo manuel. Autant faire du « vrai » argentique si on veut être puriste.

    • Paul
      Publié le 21 Nov ’11 à 11 h 49 min | Permalien

      Fabrice, je suis un peu trop jeune pour avoir connu le démarrage à la manivelle le lavage à la main.
      Jamais dans cette article tu ne trouveras quelque chose d’une nostalgie ou d’une quête d’une quelconque authenticité.
      il ne s’agit ni d’une philosophie ni d’une démonstration technique, mais d’une simple expérience.
      La notion de déchet peut être intéressante en numérique car j’ai passé trois a quatre fois moins de temps à décharger et éditer mes photos.
      Elle est aussi intéressant car on sait qu’un appareil photo est vendu pour un nombre limité de cliques.
      Seul le résultat compte est rarement mon propos je trouve toujours que le choix des outils raconte beaucoup sur l’oeuvre, qu’ils soient choisi par défaut par volonté ou par nécessité.
      Quand à l’éloquence je te remercie, mais il n’y a aucune confusions ici entre réglage manuel et l’automatique ni argentique/numérique.
      Je fais aussi de l’argentique et je déteste le purisme.
      Merci pour ton commentaire je comprends facilement que cette expérience ne t’intéresses pas.

  11. Publié le 21 Nov ’11 à 14 h 40 min | Permalien

    jaime bien cette idée.
    je prend plaisir a prendre des photo avec des focal fixe (canon 50mm, zeiss 28mm, canon 300mm), mais je pense que ne pas voir le résultat peut etre sympa (en focal inf a 60mm ..)
    par contre, comment réagi tu avec lindication dexposition dans le viseur ? (visible meme en manu)
    beau travail :)

  12. Publié le 22 Nov ’11 à 14 h 01 min | Permalien

    Merci pour cette bonne expérience Paul et pour ta pédagogie (un plaisir aussi de te lire). Un vrai retour aux sources en somme. Ce serait un bon exercice régulier à faire (enfin pour les amateurs en tout cas) ?
    Merci aussi @monsterfred pour son idée de génie.
    PS : Tu as enfin ton site. C’est cool, je vais pouvoir te référencer chez moi dorénavant ;)

  13. Publié le 10 Déc ’11 à 12 h 12 min | Permalien

    C’est intéressant, car j’ai une pratique assez proche … avec l’enregistrement de musiques sur ordinateur. pour retrouver l’écoute et éviter les distractions de l’image, je mets un « écran noir » pendant que j’enregistre en multipiste : je retrouve ainsi les sensations de mon premier multipiste TASCAM à cassettes.

  14. Publié le 6 Août ’14 à 22 h 13 min | Permalien

    C’est une expérience très intéressante que j’ai bien envie de tenter.
    Une question technique me taraude : quand je mets l’oeil dans le viseur de mon reflex, je suis renseigné sur l’exposition résultant de mes réglages, par une échelle qui me permet de me situer. Ce qui n’existait pas en argentique. Il faudrait pouvoir désélectionner cette option, car sinon l’exercice perd tout son intérêt. As-tu débrayé cette option ? J’ai relu la notice de mon D90 et n’ai pas trouvé comment y parvenir. Si tu as la réponse, je suis preneur.

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